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Trois phonographies sonores

 

Pics et Pelles (14'20)

 

La pièce a été composée en avril 2003 dans la perspective de réaliser une phonographie sonore. La composition est une proposition de reconstruction de l’univers du chantier de réfection du petit patrimoine d’Auberchicourt dans le Nord de la France. A partir d’enregistrements effectués sur caméscope, par Jérôme Piquet, le responsable formateur des artisans de ces chantiers, j’ai souhaité exploiter la diversité du matériau concret organisé autour des éléments sonores ponctuels des pics et des raclements des pelles dans le gravier ou le sable.

L’univers du chantier est redéfini selon la notion de chantier sonore, plus proche du musicien à l’écoute de son environnement. La pièce propose un parcours phonographique, voire radiophonique dans le quotidien de ces artisans du bâtiment. Les sons environnementaux forment des strates de rythmes identifiées par des reconstitutions de “sillons fermés” typiques du disque noir. Ces rythmes marquent des cadences et tempi qui semblent s’accumuler pour recréer un environnement musical fait de sons industriels d’une grande richesse de timbres, de textures et de masses. Pics et Pelles est significatif de l’intérêt que je porte aux sons concrets et au travail sur le sens des objets sonores sortis de leur contexte. La composition est à même de révéler des sens nouveaux au matériau détaché de son contexte d’origine. Les manipulations sur le son fixé induisent une redéfinition du signifiant et du signifié des sons, par la mise en perspective musicale de quelques fragments sonores anodins. 

 

 


 

La vois des gens (10'25)

 

La pièce a été composée en avril 2003 dans la perspective de réaliser une phonographie sonore. La composition est une proposition de reconstruction de l’univers du chantier de réfection du petit patrimoine de Vred dans le Nord de la France. A partir d’enregistrements effectués sur caméscope, par Jérôme Piquet, le responsable formateur des artisans de ces chantiers, j’ai souhaité exploiter la diversité du matériau concret organisé autour des éléments sonores issus de la voix des artisans.

L’univers du chantier est redéfini selon la notion de chantier sonore, plus proche du musicien à l’écoute de son environnement. La pièce propose un parcours phonographique, voire radiophonique dans une reconstitution d’une journée de ces artisans du bâtiment. Le matériau de la pièce est constitué des dialogues parfois laissés tels quels et parfois reconstruits selon un axe esthétique porté par la composition elle-même. Les intonations des voix suscitent des rythmes et ouvre des possibilités de ré-écriture des sons. Cette phonographie sonore a des incidences sur la perception du compositeur de cet environnement bruitiste du chantier. De même, la pièce tente de relater les différents caractères des personnages présents de vive voix sur l’enregistrement d’origine. La mosaïque de sons vocaux se mêle à l’environnement des machines du chantier. Les voix semblent pénétrer dans ce tumulte sonore organisé selon des avant-plans et des arrières-plans plus ou moins proches. La voix des gens voudrait se faire l’écho de l’idée que “le son habite partout ”(Hoffmann via Schaeffer). Cela signifie qu’il est musique en soi, qu’il a des qualités acoustiques propres avant d’être associé à un contexte sociologique défini.

 

 


 

Turbulences E. (9'05)

Le titre complet de la pièce est Turbulences Etrangères. Elle est le troisième mouvement du cycle de trois phonographies sonores intitulé Le Chantier Sonore écrit entre 2002 et 2004. Le matériau de base de cette pièce est constitué d’enregistrements en extérieur sur des routes de campagne et un chantier. Les turbulences étant les bruits intempestifs de vents dans le micro lors de la prise de son, ou les coups de pics contre la pierre. Ces éléments sonores ont été, par détournement, le terreau d’objet musicaux qui se sont déclinés en timbres nouveaux sur plusieurs générations de catégories et de profils de sons différents. D’où une variété de timbres, de percussions résonances, de nuages électroniques réunis en processus évolutifs sur différents plans (arrière-plan et avant-plan). Le détournement du vent dans le micro lors de la prise de son a enrichi le vocabulaire du processus en créant des illusions sonores mêlées à d’autres timbres.

Le mouvement de la pièce est Allegro vivace débute en mezzo-forte, développe les modulations en double-forte et se termine vers un forte en fin de pièce.